Voyage à Phnom Penh : Koh Dach, l’île de la Soie
Jour 2 à Koh Dach, Phnom Penh
Deuxième jour de mon périple à Phnom Penh, bien décidé à explorer les alentours de la capitale et ce malgré un ciel menaçant, je me lance dans une tenace négociation avec celui qui connait certainement le mieux le coin, notre évident conducteur de tuk tuk. Excursion du jour prévue à Koh Dach, également appelée l’île de la Soie. J’avais lu quelques commentaires positifs sur la destination et sortir de la ville me tentait plutôt bien. Enchère conclue à $20 pour un aller-retour de mon hôtel situé sur la rue 19 à Koh Dach, un bout d’île situé à environ vingt kilomètres au nord-est de Phnom Penh.
Embarquement pour une escapade qui va durer environ quatre heures. Je recommande d’ailleurs d’opter pour un tour en tuk tuk afin d’avoir un aperçu de Phnom Penh, un transport traditionnel fun qui permet de se faire une bonne idée de l’ampleur de la ville et découvrir ses monuments et la vie quotidienne dans une clameur qui demeure encore bien sage comparée à celle de Saïgon.
Wat Phnom : le Temple qui a donné son nom à Phnom Penh
Sur ma route pour Koh Dach, arrêt momentané au point numéro 3 de notre to do list, le temple Wat Phnom. Avant mon départ on m’avait laissé entendre qu’il y avait une colline à Phnom Penh. Content de prendre de la hauteur, je me suis vite aperçu qu’il y avait effectivement bien une (très) petite colline, celle la même où a été bâti Wat Phnom. Accessible par un grand escalier d’une soixante de marches et gardé par des lions et deux nagas, Wat Phnom aurait été érigé en 1373 pour abriter des statues de Bouddha découvert par Daun Penh. Le site donnant ainsi son nom à la capitale du Cambodge.
L’entrée au temple coûte $1, décoré de fresques et de bouddhas, de nombreux locaux et croyants y viennent pour prier. J’ai d’ailleurs pu observer une personne priée tenant fermement son téléphone et des bâtons d’encens entre ses deux mains, peut-être dans l’attente que le prochain appel soit une bonne nouvelle. Le tour du temple est rapide et agréable, prenant par la même une bonne bouffée d’oxygène de la végétation qui l’entoure.
La route pour Koh Dach est semée de découvertes. Partout des affiches du roi et du parti au pouvoir. À quelques jours des élections, la ferveur est grande dans le pays. Le long de la route, des étalages entiers de noix de coco et de durian s’exhibent. Des ramboutans, des mangues ou encore des bananes apportent de la couleur à la ville, alors que le ciel s’assombrit de plus en plus.
Passage par le pont de l’amitié Cambodge- Japonais qui mène à Koh Dach. Du pont, on prend un peu de hauteur, permettant par la même de bien distinguer Phnom Penh. La disparité entre les deux rives est flagrante, d’un côté un centre-ville en plein développement et de l’autre des terres quasi vides, mais qui laissent présager que Phnom Penh aura bien un tout autre visage dans les années à venir tant le nombre de projets immobiliers est important.
Au bout du pont se trouve le Prohm Bayon Circle Gardens, j’avoue ne pas avoir pris le temps de réfléchir à la traduction en français de ce monument. Dirons-nous qu’il s’agit d’un grand rond-point avec en son centre une statue représentant plusieurs visages comme on peut en voir au Temple du Bayon à Angkor.
Retour sur la RN 6, celle utilisée pour rejoindre les régions de Siem Reap ou de Battambang, apres plusieurs kilomètres, braquage à droite toute pour s’immiscer dans une ruelle que seul un tuk tuk peut connaître. Me voilà arrivé à l’embarcadère pour Koch Dach.
Koh Dach, le charme d’un Cambodge champêtre
Embarquement avec le tuk tuk sur le ferry, ou plutôt un bac. Aucune construction bétonnée, on accède au bac par une simple pente en terre a moitié glissante sous l’effet de la pluie qui vient de faire son apparition. Voitures, tuk tuk, motos et camionnettes de côtoient. Chacun restent assis sur son véhicule le temps de la traverser qui dure une dizaine de minutes. Au loin quelques maisons sur pilotis font leur apparition.
Arrivé sur Koh Dach, je me sens comme dans un autre monde, celui d’un Cambodge champêtre et bucolique comme je me l’imaginais, loin de l’agitation de la ville. L’air est bon, le calme est prépondérant, la nature prend le dessus.
Le chauffeur de tuk tuk emprunte alors un vieux pont enjolivé de deux nagas à ses extrémités pour m’emmener dans une ferme de la soie. L’ile étant réputée pour être le repère des tisserands. Quelques photos sur les étapes de la fabrication de la soie seront les seules informations sur le site. Intéressant de voir que la matière ne provient finalement que de chenilles qui s’enferment dans un cocon qui servira de fil de soie. Quelques tisserands exposent leur travail, un travail encore artisanal, de passion par ces Cambodgiennes qui sont fières de montrer leurs créations. Les couleurs sont éclatantes.
Le lieu n’a pas grand intérêt en soi. Je demande alors au conducteur de partir explorer l’île. Probablement mon meilleur souvenir de mon séjour à Phnom Penh. Me voilà au plus près de la population locale. La pluie vient de s’arrêter, l’air y est humide, les enfants sortent pour jouer avec leur velo ou avec de simples morceaux de bois. Des scènes pittoresques se produisent, comme ce troupeau de vaches en plein de milieu de la route, cette homme avec sa calèche et son cheval ou encore ce phare abandonnée sur les hauteurs du Mékong. Le long de la route, des maisons sur pilotis, souvent construites en bois. Devant presque toutes ces habitations, des vaches sont attelés à un bâton. Je me demande si c’est pour le lait : « non, pour l’agriculture » me répond le chauffeur de tuk tuk.
En chemin, une dame assez âgée m’invite à déjeuner chez elle pour quelques dollars. Malgré mon refus, elle continue de me suivre jusqu’à une plage appelée Koh Dach beach Resort ($1 de droit de passage). Le chauffeur ne semblait pas connaitre le lieu. À la vue de la plage, je me réjouis d’avoir découvert ce petit coin perdu au milieu de nulle part. C’était sans compter l’impressionnante pollution qui côtoyait de petits cabanons faisant office de lieu de repos. Quel dommage, alors que l’ile paraissait jusque présent si belle et si luxuriante. La patronne m’ayant suivi jusqu’ici, je me consens à lui louer un tapis et acheter une bouteille d’eau. Je ne suis pas resté plus de cinq minutes … Je ne suis pas sûr que le droit acquitté soit bien pour accéder à cette plage. Peut-être y avait-il un autre endroit plus propre et mieux entretenu à proximité.
Le Cambodge, pays du sourire
Sur le retour pour l’embarcadère, je décide de m’arrêter dans l’un de ces ateliers de tisserand localisé dans le sous-sol d’une maison sur pilotis. L’entrée se fait par un jardin empli de jacquier dont les plus gros atteignent plus d’une dizaine de kilos. La conversation se fait par l’intermédiaire du chauffeur de tuk tuk. Je souhaite en savoir plus sur leur façon de vivre et de leur rente de cette activité. Bien sûr, je n’ai pas compris la réponse de la maitresse du lieu, mais son sourire en dit long.
Koh Dach, où l’île de la Soie, m’aura laissé un souvenir inoubliable qu’il me semble bien difficile de relater. Les amoureux de la nature et de rencontre avec la population locale apprécieront le lieu. Un retour aux sources, une rencontre avec la paix, un retour à la sérénité et aussi à l’humilité le temps d’une matinée.
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