Pédagogie et récréation au Palais de la Réunification à Saigon

De passage dans la capitale économique du Vietnam, je cherchais comme à l’accoutumée, une idée de sortie père-fille pédagogique et récréative qui nous permettrait à tous deux d’en apprendre davantage sur l’Histoire de la mère-patrie et lui permettre de se défouler, alors qu’un certain virus semble guetter la planète. Direction ainsi le Palais de la Réunification à Saigon ! Un édifice historique situé au cœur de la ville et dont la visite semble être plébiscitée par les autochtones et les globe-trotters.

La Palais de la Réunification, également nommé Palais de l’Indépendance ou Palais de Norodom, nous y reviendrons, se situe au bout de la rue Le Duan, dont l’autre extrémité permet d’atteindre le zoo de Saigon. Immanquables, la Cathédrale Notre-Dame de Saigon et la Poste Centrale ne sont qu’à quelques encablures de là.

Ainsi en quête d’un « espace vert » au cœur de Saigon, le Palais de la Réunification avec son vaste parc, s’imposait alors comme une évidence. On gare la moto et on s’acquitte du prix d’entrée. Seulement 10 000 VND pour la bambine et 40 000 VND pour le papa (hors accès aux éventuelles expositions). Un prix bien dérisoire face à la joie de pouvoir gambader dans ce parc historique et plutôt bien entretenu.

Le Palais de la Réunification, symbole de la fin de la guerre du Vietnam

C’est d’ailleurs ce parc qui semble attirer les premières attentions. La grille d’entrée une fois passée, le relief de deux tanks se profilent au loin. On se précipite pour les voir de plus près et faire la première photo devant ces témoins de l’Histoire récente du Vietnam.

Nous sommes face aux blindés qui ont forcé le portail du palais le 30 avril 1975. Date qui symbolise la chute de Saigon et la fin de la guerre du Vietnam. Déclarée fête nationale, et jour férié au Vietnam, cette date marque également la fin du statut de résidence présidentielle du palais pour finalement devenir un bâtiment historique.

Des yeux qui brillent à la lecture des explications en français sur les panneaux, l’envergure des blindés semblent l’emporter sur les faits historiques. Qu’importe, voilà bien un excellent prologue à la visite du site.

C’est la reconstitution d’un avion de chasse F5E, stationné à proximité, qui reçoit les ferveurs du prochain cliché. Très bien entretenu, celui-ci fut employé pour bombarder le Palais le 8 avril 1975.

Après la marche entre les véhicules militaires, à la fraîcheur des arbres, cap vers l’intérieur du Palais de la Réunification.

La façade du palais très rectiligne, révèle notamment un système de ventilation naturelle et de fenêtres qui laissent place à la lumière. La forme de « brise-soleil » en béton rappelle d’ailleurs celle d’un entrenœud de bambou.

Anciennement Palais Norodom et Palais de l’Indépendance

On débute la visite par une rétrospective du bâtiment historique. On apprend notamment que le palais fut conçu par l’architecte Ngo Viet Thu, également à l’origine de la pagode Vietnam Quoc Tu dans le District 10, et inauguré en 1966. Le bâtisseur se serait inspiré de divers idéogrammes, dont ceux de « bonne chance » et de « prospérité ».

Alors que la façade du bâtiment s’arbore au cœur de Saigon, le cliché du palais originel, nommé Palais Norodom, en l’honneur du roi du Cambodge et de l’avenue du même nom qui permettait de rejoindre cet ancien bureau du gouverneur de la Cochinchine, est exhibé aux visiteurs. Bâtit en 1871, il fut renommé Palais de l’Indépendance en 1954 après les accords de Genève pour devenir le lieu de résidence du président de la République Vietnamienne jusqu’en 1962 où suite à un bombardement, il fut décidé d’ériger le palais actuel.

En 1975, le Palais de l’Indépendance devint le Palais de la Réunification. Sa fonction première n’étant plus, le palais a conservé sa valeur historique et est présentement un musée accessible à tous.

Bon, appréhender l’histoire du site c’est bien, mais parcourir les allées et les étages du palais pour apercevoir ce qui est mis en avant dans chaque pièce de vie, c’est mieux. C’est ainsi parti pour plus d’une heure de visite.

Le Palais de la Réunification, rôle politique, militaire et résidence du président

Le Palais de la Réunification révèle presqu’une centaine de salles, dont le mobilier est resté intact. Tout comme la décoration vintage et les aquarelles d’époque. Comme des témoins de l’histoire.

L’audio-guide apporte certainement un complément d’information et des anecdotes enrichissantes. Néanmoins, tout est clairement narré de par des panneaux explicatifs en français. Des évènements qui se sont déroulés à cet endroit précis, aux noms des protagonistes ou encore de la symbolique sur l’utilisation de telle ou telle couleur, tout y est pour comprendre et s’imaginer les faits.

Salles des banquets à la teinte jaune, salle du Conseil des Ministres avec sa table ovale, salle de Cérémonie pouvant accueillir jusqu’à 500 convives et où plusieurs discours historiques se sont tenus, illustrent le rôle politique du palais notamment pendant la guerre du Vietnam.

L’accès aux diverses salles se fait par de grands couloirs, pratique pour cavaler et avoir la surprise de voir ce que nous réserve la prochaine salle. L’espace et la lumière prédominent. Le bâtiment affiche sa modernité pour l’époque.

Résidence officielle des présidents du Sud Vietnam, le palais se compose de trois étages ayant chacun leur rôle entre fonction politique, diplomatique, lieu de vie et de travail du président et enfin de divertissement.

Une reconstitution à l’identique de l’époque

Notre déambulation dans ce dédale de salles nous amène ainsi à observer la salle du conseil de sécurité nationale, lieu de réunion du président avec ses généraux et les conseillers américains. On peut notamment remarquer une carte des différentes provinces du sud Vietnam ainsi qu’une panoplie de téléphones avec des cadrans.

S’en suivent le bureau du président, les salons de réception, dont les fauteuils sont sculptés en « tête de dragon » et en « tête de phénix » ainsi que le salon des ambassadeurs.

Des étages, admirez la vue sur la grande pelouse ovale et sa fontaine, en proue du palais.

Encore quelques marches à monter pour finalement accéder au sommet du palais et apercevoir l’héliport où est exposé un hélicoptère UH-1. Mis en avant dans les nombreux films dédiés à la guerre du Vietnam, cet appareil dont les missions allaient de l’entraînement à la reconnaissance et au transport des blessés, stationne aujourd’hui sur le toit du palais à proximité de deux cercles peints sur le sol en souvenir du bombardement du site en 1975 par l’avion F5E, exposé dans le parc.

De quoi relancer l’intérêt de ma princesse qui commence à montrer des signes de fatigue à faire les cent pas dans ce bâtiment historique.

Direction le bunker du palais pour parachever cette visite qui s’avère très pédagogique dans la compréhension de l’histoire moderne du pays. Situé au sous-sol, aux murs blindés renforcés de béton et recouvert d’une couche d’acier, il comprend notamment le centre de commandement avec la salle de guerre du président où sont exposées de nombreuses cartes administratives et militaires ainsi que des zones tactiques et un abri de sécurité.

L’épaisseur des murs et l’atmosphère pesante qui en ressort n’est pas rassurante, on se tient la main jusqu’à la sortie.

Bâtiment historique et symbole de l’indépendance et de l’unification du pays, le Palais de la Réunification est un incontournable lors d’un séjour à Saigon. Le site qui combine à la fois un intérêt historique et un grand parc ombragé nous aura en tout cas laissé un souvenir impérissable.

Sans oublier l’aire de jeux pour enfants, accessible après la sortie des couloirs du bunker et pour laquelle, malgré les cents fois « je suis fatiguée », cités pendant la visite, semblent ne plus être d’actualité, quand il s’agit de jouer.

💡 Le Palais de la Réunification est ouvert tous les jours de 8h00 à 16h00. Le tarif est de 40 000 VND par adulte et 10 000 VND par enfant.