La prison de Hoa Lo à Hanoi
Il est des lieux qui ne laissent pas indifférents et portent à réflexion sur certaines périodes de l’Histoire. C’est le cas de ma visite du jour, la prison de Hoa Lo, également dénommée Maison Centrale, laquelle, à l’instar des Tunnels de Cu Chi à Saigon, est un témoignage poignant du récent passé du pays de la palanche. Une visite qui fait froid dans le dos.
Arrivé devant l’entrée principale du bâtiment, située rue Hoa Lo, la couleur jaune vif et ocre rappelle l’architecture caractéristique des édifices construits pendant l’époque de l’Indochine Française. Appelée Maison Centrale, on apprendra plus tard que l’on a souhaité ici jouer sur les mots, ce complexe carcéral regroupait jadis la prison, la direction pénitentiaire, le tribunal ainsi que le quartier général de la police secrète.
La prison de Hoa Lo, symbole de la lutte révolutionnaire
L’accès aux différents quartiers et cellules de la prison coûte 30 000 Vietnam dong. Une somme modique pour un site qui vaut vraiment la peine d’être visité.
À l’intérieur, nombres d’explications sont rédigées dans la langue de Molière. L’emploi d’un audio-guide (pour 50 000 VND) n’est ainsi pas nécessaire mais est toutefois recommandé afin de mieux appréhender les faits et anecdotes qui entourent la prison de Hoa Lo. La tonalité du discours ainsi que la mélodie qui fait office de fond sonore ajoutent d’ailleurs un côté angoissant à la visite.
Édifiée au cours de l’Indochine Française en 1896, la prison de Hoa Lo qui signifie « fournaise », est alors désignée comme la plus sûre de cette partie du monde. Marqueur historique de la lutte révolutionnaire Vietnamienne contre les différents envahisseurs, celle que l’on surnomme aussi comme « l’enfer terrestre » ou « le Hilton de Hanoi », reste aujourd’hui l’un des symboles de cette lutte pour l’indépendance nationale.
Au fil du récit énoncé par l’audio-guide (35 repères au cours de la visite), des explications sur l’origine de l’emplacement actuel (un ancien village de céramique) conduisent vers le quartier D où un plan en relief et la porte d’entrée principale sont perceptibles. Des détails sur la construction du bâtiment, dont les murs de pierre font près de cinq mètres de haut, ainsi que des uniformes de prisonniers sont exposés.
Une atmosphère angoissante
Quartier pénitentiaire E et le cachot. On rentre dans le vif du sujet. Ici les quartiers sont organisés par ordre alphabétique et chacun pouvait accueillir environ 30 à 40 détenus. Le cachot, qui regroupe les cellules des détenus, est troublant, voir même angoissant. L’atmosphère y est oppressante.
Au fil de la visite, des témoignages et anecdotes de prisonniers interpellent sur les conditions de vie dans la prison ainsi que sur les diverses tentatives d’évasion notamment par les bouches d’égouts. Difficile de rester sans émoi. On poursuit la visite.
Détour par le quartier des prisonnières ayant de jeunes enfants avant de s’aventurer dans les cellules des condamnés à mort. Ici, les objets de torture sont légions. Et la guillotine dévoilée devant l’entrée des geôles rappelle aux condamnés leur ultime destin. Hoa Lo était d’ailleurs considérée comme l’une des prisons les plus inhumaines du Vietnam, disposant des outils les plus sophistiqués en matière de torture. Là encore, l’atmosphère y est glaciale. Le fond sonore grave de l’audio-guide participe au sentiment d’effroi. Prenez place dans l’une des cellules.
La prison de Hoa Lo également surnommée le « Hilton de Hanoi »
Passé la guillotine, découvrez le mémorial qui commémore et glorifie ceux qui ont été incarcérés dans la prison. Un mur d’une dizaine de mètres, symbole par excellence une fois de plus de cette lutte pour l’indépendance du pays.
Surnommée « l’enfer terrestre » jusqu’à la libération de la capitale, la prison de Hoa Lo prit alors le surnom de « Hilton de Hanoi », en référence à la chaîne américaine d’hôtels haut de gamme. Une moquerie en raison de l’incarcération des pilotes américains pendant la guerre du Vietnam.
Le choix d’emprisonner les pilotes au cœur de la capitale était un bon moyen d’empêcher l’aviation américaine de bombarder le centre-ville. L’audio-guide relate alors de nombreux témoignages d’habitants et de pilotes capturés.
Le second étage consacre finalement la visite à la période post 1975 et la création au sein de l’ancienne prison, d’une école révolutionnaire.
Au final, une visite audio-guidée d’environ 1h30 conseillée et dont on ne ressort pas totalement indifférent.
💡 La Maison Centrale est ouverte tous les jours de 8h00 à 17h00.
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